samedi 13 octobre 2018

LE BLUES DU CHORISTE SOLITAIRE

Alfred de Vigny aimait le « son du cor le soir au fond des bois » Mais qui aime le cri solitaire de la basse,  le soir, au fond de la classe de chant ? Hein ?
Cela fait déjà deux semaines de suite que j’assume, seul, cette lourde tâche vocale. Et je vous prie de croire que pour l’ancien timide que je suis, voilà une souffrance et un exploit personnel qui me pèse de plus en plus. Je me doutais bien que la rentrée serait plus délicate que d’habitude. Nous venons de perdre notre vénéré, adoré, adulé, admiré, choyé, respecté, « lèche-pompé » chef de cœur Jérôme. Ce deuil récent qui régnait dans mon cœur de vieux choriste, me plombait un peu l’ambiance de cette rentrée.
Mais la force de l’inertie aidant, je me suis bousculé le popotin pour renouveler mon « bail lyrique » ! Las ! Je ne savais pas que j’allais être victime d’une désertion en rase campagne de la part de mes deux compagnons habituels. Il paraît que Christian et Charles devraient revenir au bercail d’ici peu. J’en accepte l’augure ! (vieille expression poussiéreuse dont vous n’êtes pas obligé de vous moquer !). Bref ! J’ai le moral dans les chaussettes et des envies de retraite musicale définitive. Il faut que je vous parle, maintenant, de notre nouveau, jeune et sémillant chef de cœur dont le dynamisme et l’énergie ne sont pas les défauts principaux. Il s’appelle Julien Buis. Je me dois de succomber ainsi à cette nouvelle qualité sociale de notre époque ;  le léchage de pompes !
Avec lui, finis la rigolade et les caquetages incessants. Ça ne moufte plus dans le gynécée.
Il l’a dompté d’une manière magistrale dès les premières séances. Devant mon désespoir et ma solitude évidente  il a tenté de me remonter le moral par une réflexion publique, hautement libidineuse, dont je me désolidarise totalement. Il m’a tout simplement proposé que nous nous partagions ce « harem vocal », dans la plus grande tradition orientale. Je lui aurais bien répondu que deux coqs dans le même poulailler ça cause de sérieux problèmes de cohabitation. Rien qu’à l’idée de  « côcher » une seule de mes camarades si vertueuses,  ma pudeur naturelle et outragée  (et autre chose d’intime) se révulse ! Alors, vous pensez ? Une trentaine !
Oui ! Le terme « côcher » est le terme adéquat pour désigner la chose entre gallinacées.  A ne pas confondre avec l’alcoolique endimanché qui conduisait les diligences  et qui se nommait « postillon » que l’on voyait sur les étiquettes d’une marque célèbre de vin d’autrefois, et qui participa à l’élimination prématurée de millions de poivrots, dans notre beau pays vinicole. Postillon qui, lui-même, ne doit pas être confondu avec les glaviots expectorés par des choristes trop zélés, etc....Je sens que je m’égare ! Pas vous ? Bref ! Tout ça pour vous résumer un problème grave : l’espèce très rare des choristes mâles  est en voie de disparition avancée. Aucun mouvement écolo ne se précipitera pour venir la sauver.
Je suis donc fatigué de cette situation. Voilà plus de dix longues années que je rame dans cette chorale avec des moments de joies grandioses, bien évidement. J’ai même tenté de vous amuser par mes saillies blogueuses, avec plus ou moins de bonheur. J’ai même créé et géré mon propre site web pour être utile à notre petite communauté. Succès très mitigé qui n’a été partagé que par quelques intimes mais qui me coûte quand même du pognon pour son hébergement. Et comme personne n’a semblé être intéressé pour cette année, je ferme définitivement mes ambitions informatiques. Je ne ferai ce site que pour mes archives personnelles. Quant à ma participation à la chorale, ne vous étonnez pas de me voir disparaître, un jour, sans bruit, et sur la pointe des pieds.
Dégât collatéral du « matriarcat triomphant » de notre époque. Et pour vous l’illustrer avec l’humour du désespoir, je ne peux pas résister au plaisir orgueilleux de vous donner le lien sur une petite fable bucolique et champêtre que j’avais concoctée, voici déjà quelques années :
A bientôt….peut-être !


Voici le lien. Sur la page d’accueil, cliquez en bas sur « lire cette oeuvre ».

Coq en panne et poule frondeuses

2 commentaires:

Unknown a dit…

Tiens bon le renfort va arriver. Le blog est un moment de détente que j'attend avec impacience et je m'etonnais de ton silence. A jeudi donc. Bises

Gérard GILBERT a dit…

Merci Micheline!