Georges Brassens nous avait écrit une jolie petite chanson à
ce sujet. Je vous donne le lien de la vidéo pour celles et ceux que cela
intéresserait. Alors, j’entends déjà d’ici, les interrogations, encore une
fois, plus ou moins malveillantes au sujet de ce titre. Mais qu’est-ce ça vient
fiche dans le blog de notre chorale ? J’aurais pu écrire autre chose que
« fiche » mais je préfère ménager la sensibilité chatouilleuse de mes
lectrices. Ça y est ! Le vieux perd ses boulons ! Comme il arrive
souvent à cet âge, un court-circuit dans ses neurones usés a dû se produire
accidentellement. Pas du tout !
Bande de médisants ! Car mes « papillons » ne sont pas ceux que
l’on voit voleter gracieusement dans la campagne ensoleillée, par une belle
journée d’été, non ! Mais ceux, vestimentaires et chics, que l’on nomme
plus vulgairement « nœud pap ». Et quand je parle de
« chasse » c’est bien de cela
dont il s’agit, quand on recherche un objet rare et dispendieux pour
satisfaire les caprices « artistiques » d’une certaine prof de chant.
Celle-ci veut à tout prix que l’on chante en chemise blanche et nœud papillon
« rouges » ! Déjà que ces ustensiles de mode sont rares en noir,
mais alors en rouge ? Je ne vous en cause pas ! Il faut dire que j’avais eu l’imprudence
d’accepter le rôle de supplétif mâle dans une classe de chant où l’on manque
très cruellement de denrées nourries à la testostérone. Si vous voyez ce que je
veux dire, sans être obligé d’insister lourdement ? Or donc, me voilà lancé
dans tous ces magasins de fringues qui me sortent par les yeux, tellement je
déteste toutes ces montagnes vaniteuses et coûteuses de tissus et d’objets
futiles. Je cherche désespérément partout cet accessoire de mon futur uniforme
de loufiat pour pince-fesses mondains, afin de ne pas gâcher la fête du concert
de ce soir, et de satisfaire « Mâdâme » la prof de chant. Des
kilomètres de rayons de soutiens-gorge, de soutifs, de fanfreluches, de
costards, de slips de bain, de chapeaux, de ceintures, de cravates,
etc… Enfin j’en trouve un !
Mais à quel prix ! Et comme la plaisanterie ne s’arrête pas là, il
faut que j’en achète un supplémentaire pour le ténor de service. La mission
« impossible » est enfin remplie.
Vous croyez que l’aventure « papillonesque » s’arrête
là ? Bande de naïfs ! Elle ne fait que commencer. Car voilà le « drame » qui se joue
dans nos calebasses surchauffées ; d’un côté, nous devons commencer le
concert en chemise blanche et nœud pap, pour faire les « beaux » avec
ces « dadames », et de l’autre on poursuit au sein de notre chorale,
mais cette fois-ci tout en noir, avec une chemise noire. Youpi ! Vous
voyez le topo ? A un moment donné, il va nous falloir jouer les
« Fregoli » ! C’est incontournable ! Quoi ? Vous ne
connaissez pas « Fregoli » ? Et wikipédia ? C’est fait pour
les chiens ? Fregoli est le précurseur lointain d’Arturo Braquetti. Quoi ?
Toujours rien ? Alors là, vous vous démerdez ! Bon, comme nous sommes des « cerveaux »,
on se dit que la meilleure solution c’est d’amener notre chemise noire avec nos
affaires et nos partoches. On la mettra dans un coin discret, le moment venu. Sauf
qu’il faut encore le trouver, ce coin…discret ! Ce n’est pas évident, dans
une église pleine de mélomanes attentifs.
Le soir arrive. Il fait beau et chaud. L’église de Moissy
est fraîche et accueillante. Les filles de la classe de chant et nous, on s’est
déjà échauffé dans l’école du Noyer Perrot. Nos petits copains et copines de la
chorale le font de leur côté sous un chapiteau blanc à l’entrée du bâtiment.
Le concert commence par nous, avec nos belles chemises
blanches et nos « nœuds » cramoisis par le bonheur de se trouver au
milieu d’une si belle assemblée. Tout se passe bien. Sauf qu’il nous faut
attendre le passage de toutes nos copines chanteuses, vu que nous concluons le
passage de l’école de chant par un « alléluia » endiablé (ce n’est
peut-être pas tout à fait le terme à employer dans une église, mais on fait ce
qu’on peut !). On patiente ! On patiente ! Pendant ce temps-là,
je repense au coin que nous avons trouvé pour nous changer. Il est
parfait ! Il nous cache bien de la vue des spectateurs. Mais j’aperçois
une porte, et je dis à Christian que ce serait bien de nous changer dans une
pièce fermée, bien isolée. On ouvre la porte et on se retrouve….dans le chœur
de l’église ! Aïe ! Heureusement que nous nous en apercevons tout de
suite. Vous imaginez la scène ? Nous, débarquant, torses nus, au milieu du
chœur, pour nous changer ? Certaines coquines auraient pu se réjouir
d’apercevoir ainsi, des anatomies masculines avenantes, en inspirant chez elles
certaines pensées que la morale chrétienne réprouve. Mais la vérité nous oblige
à croire en un autre scénario moins glorieux. On aurait vu d’ici les titres des
journaux : « deux dangereux exhibitionnistes sèment la panique dans
un paisible lieu de culte ! » On a donc échappé à la catastrophe de justesse !
Quand arrive notre dernier morceau de bravoure, je me
précipite vers le choeur, mais retenu par la main ferme de Christian, je me
rends compte d’un détail épouvantable ; dans mon élan, je n’ai pas vu que
j’avais accroché le cintre de ma chemise noire et qui me battait ainsi, l’arrière
train d’une manière scandaleuse ! Ah ! Il s’en passe des choses, dans
les coulisses ! Si vous saviez !
Je vous rassure. Tout s’est bien passé ! L’alléluia a
été, disons, à peu près bien interprété par les basses. Alors on s’est vite
précipité derrière notre pilier pour échanger nos chemises.
Le Magnificat était sauvé ! D’ailleurs, il a été très beau,
bien joué et très émouvant. Je trouve, personnellement, qu’il a même été mieux
interprété qu’à Savigny ! Peut-être le sentiment des « derniers
feux » et qu’une grande aventure lyrique s’achevait ainsi. Nous avons eu
droit à un « bis » du Gloria.
Il y a même un « ravi de la crèche » qui a poussé un
« bravo » un peu décalé, mais tout de même, très sympathique. Il faut
dire, que quelques minutes auparavant, Monsieur le curé lui avait dit de
remettre son t-shirt sur son torse nu. D’accord, il faisait chaud dehors !
Mais pas dans l’église ! Et ce pauvre garçon risquait de s’enrhumer. Décidément, c’était la « valse des
torses nus », ce soir là !
Pour terminer sur une note plus calme et plus sereine, je
constate que nous avons bien rempli notre « contrat ». Encore une
fois, Véronique et Jérôme ont su, grâce à leur grand professionnalisme, mais
aussi grâce à leurs grandes qualités humaines, de patience et même d’humour,
porter les simples amateurs, parfois peu doués que nous sommes, vers des
sommets de bonheur que procure l’art lyrique. Ils ne faut pas oublier les très
talentueuses solistes, professionnelles ou amatrices que nous avons eu le
plaisir d’entendre. Certaines promettent beaucoup et sont même
très…..charmantes ! Hum ! Oups ! Ma femme risque de me lire, je
ne vais donc pas insister !
Je ne peux terminer sans faire un clin d’œil malicieux à
Véronique, notre cheftaine de chœur de Savigny, car il me revient, à son sujet,
le refrain d’une jolie chanson d’une chanteuse complètement oubliée (c’est vous
dire si je suis un vieux kroum !) Colette Deréal :
Véronique, si je te dis ça
Il ne faudra pas me croire
Non, y ne faudra pas
(Lettre à Véronique, refrain)
En vous souhaitant à toutes et à tous de bonnes et
reposantes vacances.
LA CHASSE AUX PAPILLONS
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