Ah pour un « jour de folie » s’en fut un !
Si Didon était belle et réjouissante à regarder et surtout à
écouter pour son talent, on ne peut affirmer la même chose en ce qui concerne
nos sorcières ! Mon Dieu quelles « zôrreurs » ! Selon une
vieille expression tombée en désuétude et que les moins de quarante ans ne
connaissent sûrement plus, elles avaient vraiment des têtes à faire
« rater une couvée de singes » ! Il n’aurait pas fallu les croiser
la nuit, dans un sentier de la forêt de Rougeaud. Quelle misère ! De si
ravissantes copines ravalées au rang de monstruosités théâtrales ! Par une
perfidie toute féminine, elles ont eu l’idée saugrenue
« d’enlaidir » les deux seuls « sorciers » de la troupe.
« d’enlaidir » les deux seuls « sorciers » de la troupe.
Entreprise vouée à l’échec, bien entendu ! Et ce n’est
pas le « noir à lèvre » qu’elles nous ont copieusement tartiné sur
les nôtres « « qui ont changé quoi que ce soit ! On ne se
laisse pas facilement abimer le portrait, nous !
Mathieu-Enée est venu nous « éclaircir » la voix
avant de se servir de la sienne auprès de Didon.
Je ne voudrais pas faire ma crise de jalousie, mais j’en ai
marre que les ténors se récoltent toujours les beaux rôles auprès de belles
sopranes, alors que nous les basses, on
joue toujours les « soutiers » au fond de nos « cales à
charbon » !
Toutes ces laborieuses préparations nous ont quand même
donné un spectacle, ma foi, assez réussi. Cela commence par un discours de Janet, que j’ai mis deux bonnes années, enfin,
à comprendre qu’elle était anglaise ! On ne me dit jamais rien, à
moi !
Bon ! En gros cela parle d’une greluche qui s’embête
ferme dans son gourbi méditerranéen, et dont la copine bien intentionnée lui
suggère d’aller se farcir un grec. Vous remarquerez, au passage, que les femmes
ont toujours de charmante copine qui leur propose gentiment de belles conneries
à ne pas faire ! Mais elles s’y foncent quand même, tête baissée, si j’ose
dire !
Ensuite, on a droit à une chanson originaire de la
« perfide Albion » qu’on nous présente comme étant un truc de quatre
farfelus célèbres des années 70 ! « back in USSR » qu’ils
disent ! Plus ringard que ça, tu meures ! Vu que l’URSS n’existe plus
depuis 1991 ! Ils vont avoir
quelques « soucis » pour y revenir ! C’est moi qui vous le
dit ! Heureusement la douce voix mélodieuse de Didon vient nous bercer après cet intermède sauvage et bruyant. Elle est rejointe aussitôt par la voix
non moins mélodieuse d’un jeune et charmant ténor venu de Paris prénommé Arnaud Qu’il se rassure sur la qualité de
mes compliments à son égard : je suis resté « hétéro » !
Mais son timbre de voix me rappelle furieusement celle de Paul McCartney des
« béâteules » Je ne sais pas
si cela va lui faire plaisir, mais c’est ainsi !
Donc, il s’agit de l’histoire
d’une certaine Eleanor Rigby dont je n’avais jamais entendu parlé auparavant.
En décryptant, avec peine, les paroles de cette chanson, de mon anglais
scolaire très éloigné, je me suis aperçu que c’était triste à aller se faire
pendre ou à se jeter sous une rame de métro! Encore une histoire à faire
chialer dans les chaumières anglaises ! Pourtant des garçons si
« gais » d’habitude ! Cela ne leur ressemble pas.
Bon ! Après on a droit à une certaine « Prudence » qui ne veut pas sortir de sa chambre, comme quoi elle y
est plus heureuse. Nos têtes de « playmobil » ont beau lui
expliquer que dehors il y a de beaux oiseaux en dehors des leurs, bien sûr,
rien n’y fait ! Encore une bêcheuse coincée! On ne peut pas dire qu’elles
soient simples, ces anglaises ! Après les « mijaurées » on a droit aux « cochons » Ah ! Elle est belle la société anglaise ! Beau portrait
flatteur !
Pas étonnant que les quatre chevelus de Liverpool se soient
« barrés » aux « stâââtes ».
Nos jeunes ne savent plus que ces jeunes gens baignaient
dans des années « révolutionnaires » antisystèmes, dont nous eûmes un
beau « fleuron » en France en mai 1968. Ce qui n’a pas empêché, cette
belle jeunesse « rouge bon teint » d’engendrer une bourgeoisie encore
plus conformiste et égoïste que celle de leurs parents ! Mais « ceci
est une autre histoire », comme le proclamait un écrivain britannique et franc-maçon de son état, à la fin de ses
livres : Rudyard Kipling pour les intimes !
Enfin les sorcières font leur apparition. D’abord, il y a
les « lentes » (pas les œufs des poux) non ! Bien que des poux
dans la tête des sorcières, cela va de soi ! N’est-ce pas ? Mais des
sorcières aux pas et aux gestes mesurés ! Les deux sorciers, eux aussi, sont de
la partie. Dire qu’on a l’air malin et inspiré serait exagéré. Heureusement
qu’il fait sombre et qu’on ne nous
reconnaît guère. Il y a des réputations familiales qui ne s’en relèvent
pas ! Puis soudain, les « sorcières excitées » débarquent en
tournant autour de nous.
Ensuite une sorcière « chef » se met à rameuter ses compagnes pour chanter une « horreur » comme quoi, elles sont
bien contentes de faire du mal et qu’elles veulent pourrir la vie de ces
pauvres amants Didon et Enée. Pour ce genre de chose, on n’a pas besoin de sorcières
pour ça ! Moi, je connais quelque « brave » commère qui pourrait
parfaitement faire l’affaire ! Pas vous ? Mais à toute sorcière, il faut ses poisons et ses philtres
maléfiques ! Mais Grands Dieux pourquoi y mêler les âmes innocentes de nos
bambins ? Ils sont parfaits et très « pros » nos petits
« têtards adorés » ! Après ceci ils nous chantent une
chanson où il est question «d’yeux brillants » et où je ne comprends
strictement pas ce qu’elle vient faire dans l’histoire de Didon et Enée.
Belinda-Agathe nous chante les beautés de la campagne que je
suppose être celle de Carthage. Mais là, je m’inscris en faux ! Car ayant
parcouru les ruines de cette ville célèbre, je peux vous dire que la campagne
autour, n’a rien du bocage anglais question verdure et beautés bucoliques.
Qu’est-ce qu’ils peuvent broder ces artistes ! Ils vivent vraiment dans
leurs petits nuages peuplés de séraphins !
Bon, je passe en vitesse sur le solo de la seconde dame,
c’est alors que l’on se paye une averse carabinée et pas un abri à l’horizon,
ensuite on a l’inévitable roucoulade des deux amoureux Didon et Enée. Une petite musique d’intermède et ensuite les chialeries de Didon à cause de cet
ingrat d’Enée qui part fonder Rome. Moi, j’en étais resté à Romulus qui
avait buté son frère Rémus! Avec toutes ces légendes, on ne sait plus ce que
l’on doit croire !
Ah mais le plus beau nous attendait après les saluts et les
applaudissements du final !
On s’est farci du « Yellow submarine » ! Il fallait qu’ils aient vraiment fumé beaucoup de
moquette pour voir des sous-marins « jaunes » ces pauvres
Beatles ! Tellement incongru qu’en France on la rebaptisa
« Sous-marin vert » pour ne pas faire trop ridicule !
M’enfin ! Ce sont des Anglais ! C’est pourquoi on leur pardonne
beaucoup de choses ! Un peuple qui possède encore une « Queen »
et des chanteurs qui voient des sous-marins jaunes ne peut-être qu’un peuple
hautement civilisé !
Ce « crazy day s’est donc terminé dans la joie et
l’allégresse par un petit buffet bien sympathique dans la bibliothèque où nous
avons retrouvé nos édiles et nos hommes et femmes de l’art lyrique. Je ne
saurais vous quitter sans rendre hommage à nos sympathiques amis choristes de
Paris qui ont eu beaucoup de courage pour venir ainsi chanter dans ce coin
paumé de la banlieue de Paris. J’espère que nous les reverrons un jour
prochain. J’ai aussi une pensée pour nos musiciens : les modernes comme
les classiques. J’ai été heureux d’entendre de nouveau le son d’un clavecin ou
d’une épinette ( je confesse mon ignorance à ce sujet !).
Quant à nous, de nouvelles aventures lyriques nous
attendent ! « In french » ce coup-ci !